Page:Ryner - Le Subjectivisme, Gastein-Serge.djvu/46

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extérieures. Les carrefours sont trop nombreux où ils risqueraient de mal choisir, de prendre, derrière les docteurs de mensonges, la route qui descend ou celle qui mène aux abîmes.

Même si toute erreur était évitée, je ne trouverais pas derrière autrui le bonheur qui me convient. Parmi les paroles des meilleurs, il en est que repoussent mon esprit, mon cœur ou mon caractère. Nul autre que moi ne peut créer, en respectant les nuances qui la rendent unique et précieuse, mon harmonie[1].

Ce n’est pas Socrate, c’est un sûr instinct, qui m’a entraîné à regarder en moi-même, à rechercher uniquement, non certes la connaissance métaphysique, mais du moins la connaissance critique du sujet : qu’est-ce que je veux ? qu’est-ce que je puis ?

Je veux le bonheur. Naïvement, j’ai cru le voir d’abord dans ce que la foule appelle plaisir. Mais le plaisir, servi comme un maître non utilisé comme un moyen, me devint créateur de déceptions et de souffrances. Je compris bien vite que la première condition du bonheur c’est la maîtrise de soi. Parmi les compagnons de ce début du voyage, j’ai remarqué le souriant Aristippe.

Une plus claire connaissance de moi-même m’apprit que je n’avais nul besoin des voluptés pauvres qui viennent du dehors. Au dehors, je n’ai plus demandé qu’une chose : ne

  1. Dans cette courte brochure, je ne puis même indiquer en quoi je me sépare, par exemple, des stoïciens, mes plus proches parents philosophiques. Ce point et quelques autres qui exigent un long développement, je les réserve pour un volume sur le chantier qui s’appellera peut-être La Sagesse qui rit.