Page:Ryner - Les Esclaves, 1925.djvu/22

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Stalagmus. — Je ne crains ni la souffrance ni la mort. Du haut de mon courage, je méprise Eudoxe, esclave des plus basses passions, esclave de la peur et de la mort.

Eudoxe. — Ma bonté est vaste. Pourtant, tu viens de dépasser ses frontières. (A Palinurus.) Va chercher le lorarius : le fouet abaissera la superbe de cet insolent.

Palinurus fait un pas vers la porte. Géta le retient par le bras.

Géta. — Serais-tu assez lâche ?…

Palinurus. — J’aime mieux les coups de fouet sur son dos que sur le mien.

Géta. — Essaie de m’échapper et mon poing t’assommera.

Stalagmus (à Eudoxe). — Comment des coups de fouet m’empêcheraient-ils de te mépriser et de te haïr ? Mais, parmi ceux-ci, plusieurs ne comprennent que les faits matériels. Le spectacle serait laid pour leurs yeux pauvres, avilissant pour leur cœur semblable au tien. Ces coups ne diminueraient point ma liberté intérieure. Sur quelques aveugles qui croiraient voir, ils alourdiraient des chaînes déjà trop pesantes. Je n’ai pas la naïveté d’enseigner au vulgaire - maîtres ou esclaves - les noblesses immobiles qui dressent un Olympe dans mon âme. Voici, peut-être, une leçon à leur portée.

Brusquement, Stalagmus saisit Eudoxe par le cou et l’étrangle. Géta, Palinurus, que Géta tient toujours par le bras, et Agnès regardent avec des expressions diverses. Les autres esclaves s’enfuient par toutes les portes.