Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/52

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madame delmis.

Mais tu ne la verras plus jamais !

gribouille.

Pardon, madame ; je la verrai dans l’autre monde. M. le curé m’a dit qu’on se retrouvait après avoir été mort et qu’on ne se quittait plus jamais, et qu’on était heureux, si heureux qu’on ne souffrait plus du tout. Madame voit bien que ce serait bien méchant et ingrat à moi de m’affliger de ce que maman est heureuse ; je voudrais bien la rejoindre, allez !

madame delmis, d’un air pensif.

Pauvre garçon !… Tu as peut-être raison… Et que fait Caroline ?

gribouille, avec embarras.

Je suis fâché de dire à madame que Caroline pleure… Il ne faut pas lui en vouloir ; elle n’est peut-être pas bien sûre que maman soit heureuse… Madame pense bien que Caroline, qui travaille toujours, n’a pas, comme moi, le temps de réfléchir. Et puis, ces bonnes femmes qui lui cornent je ne sais quoi aux oreilles. Et M. le curé qui est absent ! et Mlle Rose qui doit lui en dire de toutes les couleurs… Car, j’y pense, je cours bien vite au secours de Caroline ; Mlle Rose a peur de moi, tout de même : elle sait que je ne me gênerais pas pour lui donner une claque si elle tourmentait ma sœur.

madame delmis.

Attends, Gribouille ; je vais t’accompagner. Je ne savais pas que ta pauvre mère fût morte.