Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/54

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madame delmis.

De grâce, taisez-vous, ma bonne Nanon. Se quereller dans la chambre d’une morte ! c’est cruel pour la pauvre Caroline. Et vous, Rose, sortez d’ici et n’y remettez pas les pieds.

mademoiselle rose.

J’ai trop de respect pour madame pour résister à ses ordres. Je n’ai nulle envie de venir chauffer la bouillie de l’idiot et d’essuyer les larmes de sa sœur.

« Mon frère, mon pauvre frère ! s’écria douloureusement Caroline en retenant Gribouille prêt à s’élancer sur Mlle Rose.

— Sortez », dit avec autorité Mme Delmis à Rose, en la saisissant par le bras et la poussant vers la porte.

Rose n’osa pas résister à sa maîtresse et sortit.

« Je regrette bien ce qui vient de se passer, ma pauvre Caroline, dit Mme Delmis en lui prenant les mains ; je gronderai sévèrement Rose en rentrant chez moi. Si elle recommence à vous injurier, je la chasserai.

caroline.

Je prie madame de vouloir bien lui pardonner ; la pauvre fille était irritée d’une querelle qu’elle avait eue hier avec Gribouille ; mais au fond elle n’a pas de méchanceté ; c’est une petite vivacité qui passera… Je prierai aussi madame de me continuer ses bontés et de vouloir bien me faire travailler pour elle et ses enfants.