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LES MALHEURS DE SOPHIE.

Si tu m’avais dit franchement : « Maman, j’ai envie de voir les fruits confits, permettez-moi de défaire le paquet », je te l’aurais permis. Maintenant je te défends d’y toucher. »

Sophie, confuse et mécontente, s’en alla dans sa chambre, suivie de Paul.

« Voilà ce que c’est que d’avoir voulu faire des finesses, lui dit Paul. Tu fais toujours comme cela, et tu sais que ma tante déteste les faussetés.

sophie.

Pourquoi aussi n’as-tu pas demandé tout de suite quand je te l’ai dit ? Tu veux toujours faire le sage et tu ne fais que des bêtises.

paul.

D’abord je ne fais pas de bêtises ; ensuite je ne fais pas le sage. Tu dis cela parce que tu es furieuse de ne pas avoir les fruits confits.

sophie.

Pas du tout, monsieur, je ne suis furieuse que contre vous, parce que vous me faites toujours gronder.

paul.

Même le jour où tu m’as si bien griffé ? »

Sophie, honteuse, rougit et se tut. Ils restèrent quelque temps sans se parler ; Sophie aurait bien voulu demander pardon à Paul, mais l’amour-propre l’empêchait de parler la première. Paul, qui était très bon, n’en voulait plus à Sophie ; mais il ne savait comment faire pour commencer la conversation. Enfin, il trouva un moyen très