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LES MALHEURS DE SOPHIE

que j’en ai bien soin et que je la tiens bien chaudement. » Sophie alla porter la poupée au soleil sur la fenêtre du salon.

« Que fais-tu à la fenêtre, Sophie ? lui demanda sa maman.

sophie.

Je veux réchauffer ma poupée, maman ; elle a très froid.

la maman.

Prends garde, tu vas la faire fondre.

sophie.

Oh non ! maman, il n’y a pas de danger : elle est dure comme du bois.

la maman.

Mais la chaleur la rendra molle ; il lui arrivera quelque malheur, je t’en préviens. »

Sophie ne voulut pas croire sa maman, elle mit la poupée étendue tout de son long au soleil, qui était brûlant.

Au même instant elle entendit le bruit d’une voiture : c’étaient ses amies qui arrivaient. Elle courut au-devant d’elles ; Paul les avait attendues sur le perron ; elles entrèrent au salon en courant et parlant toutes à la fois. Malgré leur impatience de voir la poupée, elles commencèrent par dire bonjour à Mme de Réan, maman de Sophie ; elles allèrent ensuite à Sophie, qui tenait sa poupée et la regardait d’un air consterné.

madeleine, regardant la poupée.

La poupée est aveugle, elle n’a pas d’yeux.