Page:Ségur - Les Malheurs de Sophie.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
LES MALHEURS DE SOPHIE.

souvent passer quelques jours avec Sophie, l’aimait bien aussi. Beau-Minon était le plus heureux des chats. Il avait un seul défaut, qui désolait Sophie : il était cruel pour les oiseaux. Aussitôt qu’il était dehors, il grimpait aux arbres pour chercher des nids et pour manger les petits qu’il y trouvait. Quelquefois même il avait mangé les pauvres mamans oiseaux qui cherchaient à défendre leurs petits contre le méchant Beau-Minon. Quand Sophie et Paul le voyaient grimper aux arbres, ils faisaient ce qu’ils pouvaient pour le faire descendre ; mais Beau-Minon ne les écoutait pas, et continuait tout de même à grimper et à manger les petits oiseaux. On entendait alors des cuic, cuic plaintifs.

Lorsque Beau-Minon descendait de l’arbre, Sophie lui donnait de grands coups de verges : mais il trouva moyen de les éviter en restant si longtemps tout en haut de l’arbre, que Sophie ne pouvait pas l’atteindre. D’autres fois, quand il était arrivé à moitié de l’arbre, il s’élançait, sautait à terre et se sauvait à toutes jambes avant que Sophie eût pu l’attraper.

« Prends garde, Beau-Minon ! lui disaient les enfants. Le bon Dieu te punira de ta méchanceté. Il t’arrivera malheur un jour. »

Beau-Minon ne les écoutait pas.

Un jour Mme de Réan apporta dans le salon un charmant oiseau, dans une belle cage toute dorée.

« Voyez, mes enfants, quel joli bouvreuil m’a