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LES MALHEURS DE SOPHIE.

madame de réan.

Pour quoi faire, un âne ?

sophie.

Oh ! maman, nous en avons tant besoin, Paul et moi ! Voyez comme j’ai chaud ; Paul a encore plus chaud que moi. C’est parce que nous avons brouetté de la terre pour notre jardin.

madame de réan, riant.

Et tu crois qu’un âne brouettera à votre place ?

sophie.

Mais non, maman ! Je sais bien qu’un âne ne peut pas brouetter ; c’est que je ne vous ai pas dit qu’avec l’âne il nous faudrait une charrette, nous y attellerons notre âne et nous mènerons beaucoup de terre sans nous fatiguer.

madame de réan.

J’avoue que ton idée est bonne.

sophie, battant des mains.

Ah ! je savais bien qu’elle était bonne… Paul, Paul ! ajouta-t-elle, appelant à la fenêtre.

madame de réan.

Attends avant de te réjouir. Ton idée est bonne, mais je ne veux pas te donner l’argent de tes étrennes.

sophie, consternée.

Mais alors… comment ferons-nous ?…

madame de réan.

Vous resterez bien tranquilles et tu continueras à être bien sage pour mériter l’âne et la petite voiture, que je vais te faire acheter le plus tôt possible.