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LES MALHEURS DE SOPHIE.

déjà parti à toutes jambes. Se retournant pour voir si Sophie le poursuivait, il la vit courant après lui avec un bâton qu’elle avait ramassé. Paul courut plus fort et se cacha dans le bois. Sophie, ne le voyant plus, retourna devant la maison.

« Quel bonheur, pensa-t-elle, que Paul se soit sauvé, et que je n’aie pas pu l’attraper ! Je lui aurais donné un coup de bâton qui lui aurait fait mal ; maman l’aurait su, et n’aurait plus voulu me donner mon âne ni ma voiture. Quand Paul reviendra, je l’embrasserai… Il est très bon… mais il est tout de même bien taquin. »

Sophie continua à attendre Lambert jusqu’à ce que la cloche eût sonné le dîner.

Elle rentra fâchée d’avoir attendu si longtemps pour rien. Paul, qu’elle retrouva dans sa chambre, la regarda d’un air un peu moqueur.

« T’es-tu bien amusée ? lui dit-il.

sophie.

Non ; je me suis horriblement ennuyée, et tu avais bien raison de vouloir t’en aller. Ce Lambert ne revient pas ; c’est ennuyeux !

paul.

Je te l’avais bien dit.

sophie.

Eh oui, tu me l’avais bien dit, je le sais bien. Mais c’est tout de même fort ennuyeux. »

On frappe à la porte. La bonne crie : « Entrez. » La porte s’ouvre. Lambert paraît. Sophie et Paul poussent un cri de joie.