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LES MALHEURS DE SOPHIE.

une grosse branche de houx, qui était au bord du chemin.

« Prends garde, Sophie, dit Paul ; tu sais que ma tante a défendu de piquer l’âne.

sophie.

Tu crois que le houx va le piquer comme l’épingle de l’autre jour ? il ne le sentira pas seulement.

paul.

Alors pourquoi as-tu laissé André casser cette branche de houx ?

sophie.

Parce qu’elle est plus grosse que notre fouet. »

Et Sophie donna un grand coup sur le dos de l’âne, qui prit le trot. Sophie, enchantée d’avoir réussi, lui en donna un second coup, puis un troisième ; l’âne trottait de plus en plus fort. Sophie riait, les deux petits fermiers aussi. Paul ne riait pas : il était un peu inquiet, et il craignait qu’il n’arrivât quelque chose et que Sophie ne fût grondée et punie. Ils arrivaient à une descente longue et assez raide. Sophie redouble de coups ; l’âne s’impatiente et part au grand galop. Sophie veut l’arrêter, mais trop tard ; l’âne était emporté et courait tant qu’il avait de jambes. Les enfants criaient tous à la fois, ce qui effrayait l’âne et le faisait courir plus fort ! Enfin il passa sur une grosse motte de terre, et la voiture versa ; les enfants restèrent par terre, et l’âne continua de traîner la voiture renversée jusqu’à ce qu’elle fût brisée.