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LES MALHEURS DE SOPHIE

qu’il y a du sable, de la chaux qui pourraient te faire glisser ou te faire mal.

sophie.

Oh ! maman, d’abord j’y ferais bien attention, et puis le sable et la chaux ne peuvent pas faire de mal.

la maman.

Tu crois cela, parce que tu es une petite fille ; mais, moi qui suis grande, je sais que la chaux brûle.

sophie.

Mais, maman…

la maman, l’interrompant.

Voyons, ne raisonne pas tant et tais-toi. Je sais mieux que toi ce qui peut te faire mal ou non. Je ne veux pas que tu ailles dans la cour sans moi. »

Sophie baissa la tête et ne dit plus rien ; mais elle prit un air maussade et se dit tout bas :

« J’irai tout de même ; cela m’amuse, et j’irai. »

Elle n’attendit pas longtemps l’occasion de désobéir. Une heure après, le jardinier vint chercher Mme de Réan pour choisir des géraniums qu’on apportait à vendre. Sophie resta donc seule : elle regarda de tous côtés si la bonne ou la femme de chambre ne pouvaient la voir, et, se sentant bien seule, elle courut à la porte, l’ouvrit et alla dans la cour ; les maçons travaillaient et ne songeaient pas à Sophie, qui s’amusait à les regarder et à tout voir, tout examiner. Elle se trouva près d’un grand