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LES MALHEURS DE SOPHIE

portés dans leur cuvette, sans que ma bonne, qui travaillait, m’ait vu sortir ni rentrer. »

Mme de Réan resta quelques instants si étonnée de l’aveu de Sophie, qu’elle ne répondit pas. Sophie leva timidement les yeux et vit ceux de sa mère fixés sur elle, mais sans colère ni sévérité.

« Sophie, dit enfin Mme de Réan, si j’avais appris par hasard, c’est-à-dire par la permission de Dieu, qui punit toujours les méchants, ce que tu viens de me raconter, je t’aurais punie sans pitié et avec sévérité. Mais le bon sentiment qui t’a fait avouer ta faute pour excuser Simon, te vaudra ton pardon. Je ne te ferai donc pas de reproches, car je suis bien sûre que tu sens combien tu as été cruelle pour ces pauvres petits poissons en ne réfléchissant pas d’abord que le sel devait les tuer, ensuite qu’il est impossible de couper et de tuer n’importe quelle bête sans qu’elle souffre. »

Et, voyant que Sophie pleurait, elle ajouta :

« Ne pleure pas, Sophie, et n’oublie pas qu’avouer tes fautes, c’est te les faire pardonner. »

Sophie essuya ses yeux, elle remercia sa maman, mais elle resta toute la journée un peu triste d’avoir causé la mort de ses petits amis les poissons.