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LES MALHEURS DE SOPHIE.

qui appelait : « Lucie ! Lucie ! » (C’était le nom de la bonne.)

Lucie courut tout de suite chez Mme de Réan pour savoir ce qu’elle désirait ; c’était pour lui dire de préparer et de commencer un ouvrage pour Sophie.

« Elle aura bientôt quatre ans, dit Mme de Réan, il est temps qu’elle apprenne à travailler.

la bonne.

Mais quel ouvrage madame veut-elle que fasse une enfant si jeune ?

madame de réan.

Préparez-lui une serviette à ourler, ou un mouchoir. »

La bonne ne répondit rien, et sortit du salon d’assez mauvaise humeur.

En entrant chez elle, elle vit Sophie qui mangeait encore. Le pot de crème était presque vide et il manquait un énorme morceau de pain.

« Ah ! mon Dieu ! s’écria-t-elle tout en préparant un ourlet pour Sophie, vous allez vous rendre malade ! Est-il possible que vous ayez avalé tout cela ? Que dira votre maman, si elle vous voit souffrante ? Vous allez me faire gronder !

sophie.

Soyez tranquille, ma bonne ! j’avais très grand’faim, et je ne serai pas malade. C’est si bon, la crème et le pain tout chaud !

la bonne.

Oui, mais c’est bien lourd à l’estomac. Dieu !