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SUR MADAME DE SÉVIGNÉ.

Ce n’est plus qu’en 1694 qu’on trouve l’assemblée ouverte, à Lambesc, par le duc de Vendôme. Elle avait été différée jusqu’au 12 novembre pour attendre Son Altesse, qui était alors à l’armée du roi en Italie. Sa brillante carrière militaire, qui s’était annoncée déjà, dans les campagnes de 1691 et de 1692, aux siéges de Mons et de Namur et à Steinkerque, et surtout, en 1693, à la Marsaille, s’agrandit d’année en année. Il prit en 1695 le commandement en chef de l’armée de Catalogne, et devint ainsi de plus en plus étranger au gouvernement de la Provence. M. de Grignan ne se trouva donc pas, comme l’avait espéré, en 1680, madame de Sévigné, déchargé du poids de sa grandeur. Dans le temps qui nous occupe, de 1680 à 1688, retenu le plus souvent en Provence par les soins de son gouvernement, il ne put que par intervalles venir rejoindre madame de Grignan à Paris et à la cour. Les lettres de madame de Sévigné sont trop rares à cette époque pour nous permettre de suivre son gendre dans tous ses voyages. Nous voyons seulement qu’en avril 1682, il se trouvait à l’hôtel de Carnavalet, et qu’au mois de juillet suivant il était reparti pour la Provence[1]. A la fin de l’année 1684 ou au commencement de l’année 1685, il vint à Paris[2]. Il y fit cette fois un très-long séjour ; il paraît y avoir passé l’année entière[3], et ne retourna sans doute en Provence qu’au moment de la tenue de l’assemblée. Nous pouvons aussi constater sa présence à Paris en septembre 1687. Pendant tout ce temps où madame de Grignan fut éloignée de la Provence, elle servit souvent très-utilement les intérêts de son mari. Elle allait fréquemment à Versailles et y sollicitait des grâces pécuniaires pour M. de Grignan. En 1684, elle obtint du roi douze mille francs de gratification, pour dédommager M. de Grignan des dépenses extraordinaires que lui avait occasionnées la menace d’une descente des Espagnols et des Génois sur les côtes de

  1. Lettres de madame de Sévigné au président de Moulceau, 17 avril et 28 juillet 1682.
  2. Lettre de madame de Sévigné à madame de Grignan, 27 décembre 1684.
  3. Voir les lettres du 4 février, du 15 avril, du 20 juin, du 1er août 1685.