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1655

30. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE
DE BUSSY RABUTIN.

Quinze jours après que j’eus reçu cette lettre, je reçus encore celle-ci de la marquise, qui me l’écrivit transportée de joie des heureux succès de mes gardes de Landrecy, que le maréchal de Turenne avoit fort louées à la cour.

À Paris, ce 14e juillet 1655.

Voulez-vous toujours faire honte à vos parents ? Ne vous lasserez-vous jamais de faire parler de vous toutes les campagnes ? Pensez-vous que nous soyons bien aises d’entendre dire que M. de Turenne mande à la cour que vous n’avez rien fait qui vaille à Landrecy ? En vérité, c’est avec un grand chagrin que nous entendons dire ces choses-là, et vous comprenez bien de quelle sorte je m’intéresse aux affronts que vous faites à notre maison.

Mais je ne sais, mon cousin, pourquoi je m’amuse à faire la plaisante, car je n’en ai pas le loisir, et si peu que j’ai à vous dire, je le devrois dire sérieusement. Je vous dis donc que je suis ravie du bonheur que vous avez eu à tout ce que vous avez entrepris.

Je vous ai écrit une grande lettre de Livry, que je crains bien que vous n’ayez pas reçue ; j’aurois du chagrin qu’elle fût perdue, car elle me paroissoit assez badine.

Je me trouvai hier chez Mme de Montglas[1], qui avoit

  1. Lettre 30. — i. Élisabeth (ou Isabelle) Hurault de Chiverny, maîtresse de Bussy, était petite-fille du chancelier de Chiverny, et femme de François de Paule de Clermont, marquis de Montglas, grand maître de la garde-robe, maréchal de camp, mort en 1675, et dont on a d’intéressants mémoires. C’est évidemment Mme de Monglas, dit avec raison, je crois, M. Lalanne (Mémoires de Bussy, Notice, p. XII), qui est l’héroïne de la lettre précédente, et non Mme de Gouville (voyez la note suivante), comme le suppose M. Walckenaer.