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NOTICE BIOGRAPHIQUE


du 1er juillet 1629[1], la mère de Chantal les remercie non seulement de « l’incomparable amour » qu’ils avaient eu pour son fils, mais encore des soins qu’ils donnent si paternellement et si maternellement tous deux à cette pauvre petite pouponne. » Peut-être aussi quelques-unes des courtes années pendant lesquelles la jeune Marie de Chantal eut encore sa mère, se passèrent-elles chez son oncle maternel, André Frémyot, archevêque de Bourges ; car on voit par plusieurs lettres de la mère de Chantal que Marie de Coulanges entoura des soins les plus touchants la vieillesse de ce prélat.

Madame de Sévigné savait, par une tradition qui s’était conservée dans sa famille, que Toiras, sans doute vers le temps où il fut fait maréchal de France (il fut élevé à cette dignité à la fin de 1630), avait recherché sa mère en mariage[2]. La vénération qu’elle avait pour le nom d’un homme qui avait voulu adopter la famille d’un frère d’armes et d’un ami était, suivant son expression, une religion pour elle. Le mariage ne se fit pas, Toiras mourut sans avoir contracté aucune alliance. Marie de Coulanges, par une délicatesse de sentiment maternel, que sa fille un jour devait aussi connaître dans son veuvage, pensa-t-elle qu’il valait mieux se consacrer tout entière à son enfant ? Ce qui est incontestable, c’est que madame de Sévigné s’est trompée en disant que le projet du maréchal se fût exécuté, si la mort traîtresse et désobligeante n’eût emporté ce héros. » Toiras mourut en 1636, trois ans plus tard que la mère de madame de Sévigné.

Marie de Chantal n’avait que sept ans et demi lorsqu’elle perdit sa mère et resta orpheline. La plupart des biographes de madame de Sévigné, y compris M. Walckenaer, ont avancé d’un an le temps de cette mort. La date du XX août 1632 a été lue, il est vrai, sur le cercueil de Marie de Coulanges, découvert en 1834 dans une des caves de l’église des Filles de la

  1. 1. Lettres de sainte Chantal, édition Blaise. La date de l’année manque à cette lettre, comme à presque toutes les autres dans ce recueil ; mais elle est donnée ici par la mention de la peste d’Annecy. Au surplus la lettre est, en tout cas, écrite du vivant de Marie de Coulanges.
  2. 2. Lettre de madame de Sévigné au président de Moulceau, 22 mai 1682.