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52. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MÉNAGE.

Ce 22e octobre.
Je me doutois quasi bien que vous auriez prévenu ma prière, et qu’il ne falloit rien dire à un ami aussi généreux que vous[1]. Je suis au désespoir qu’au lieu de vous écrire comme je fis, je ne vous envoyai point tout d’un train une lettre de remerciement ; vous la méritiez dès lors, et je suis honteuse d’avoir tant perdu de temps devant que de vous la faire. Je m’en acquitte présentement, et vous supplie de croire que j’ai toute la reconnoissance que je dois de toutes vos bontés. Je vous demande un compliment à Mlle de Scudéry sur le même sujet[2]. Je crois que vous n’aurez pas manqué de faire ceux dont je vous chargeois dans ma dernière. Vous m’avez fait un extrême plaisir de me mander le détail de la grande nouvelle dont il est présentement question[3] ; il n’en falloit pas une moindre pour faire oublier celles que l’on découvroit tous les jours dans les cassettes de

    d’elle une chose fort avantageuse et fort singulière : qu’une des plus dangereuses plumes de France (Bussy Rabutin) ayant entrepris de médire d’elle, comme de beaucoup d’autres, a été contrainte par la force de la vérité de lui feindre des défauts purement imaginaires, ne lui en ayant pu trouver de réels. » Voyez dans la Notice, p. 88, le tableau gracieux qui suit cet éloge.

  1. Lettre 52 (revue sur l’autographe). — i. Voyez la lettre 50. Ménage n’avait pas attendu pour défendre Mme de Sévigné qu’elle le priât de le faire.
  2. Ce fut Mlle de Scudéry qui s’éleva, dit-on, avec le plus de force contre ceux qui, à l’occasion des cassettes de Foucquet, se permettaient des insinuations calomnieuses contre Mme de Sévigné.
  3. Il est vraisemblable que cette nouvelle était le démêlé très-vif qui avait eu lieu à Londres, le 10 octobre, pour la préséance, entre le comte d’Estrades, ambassadeur de France en Angleterre, et le baron de Vatevile (ou Batteville), ambassadeur d’Espagne. Louis XIV exigea et obtint une réparation égale à l’offense.