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1664

comme ceux qui ont donné les conseils veulent jeter la faute sur ceux qui ont exécuté : on prétend faire le procès à Gadagne pour ne s’être pas bien défendu. Il y a des gens qui en veulent à sa tête : tout le public est persuadé pourtant qu’il ne pouvoit pas faire autrement.

On parle fort ici de M. d’Aleth, qui a excommunié les officiers subalternes du Roi qui ont voulu contraindre les ecclésiastiques de signer. Voilà qui le brouillera avec Monsieur votre père, comme cela le réunira avec le P. Annat[1].

Adieu, je sens que l’envie de causer me prend, je ne veux pas m’y abandonner : il faut que le style des relations soit court.


55. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À M. DE POMPONE.

Mardi au soir[2] (18e novembre).
J’ai reçu votre lettre qui me fait bien voir que je n’oblige pas un ingrat : jamais je n’ai rien vu de si

    descente vers les côtes d’Alger et se saisir de quelque port. Ils mirent pied à terre à Gigeri, s’y fortifièrent, et en furent chassés au bout de quelque temps (dans la nuit du 29 au 30 octobre 1664), avec perte de soixante-dix pièces de canon, de toutes les munitions de guerre et de bouche, et de tous les blessés et les malades. Je laisserai à l’histoire générale le détail de cette expédition, et je me contenterai de dire que si Gadagne eût été cru, elle eût été aussi utile et aussi glorieuse au Roi qu’elle lui fut préjudiciable. » Sur le marquis de Gadagne, voyez la note 3 de la lettre 40.

  1. La phrase est ironique : Nicolas Pavillon, évêque d’Aleth, était l’un des défenseurs les plus prononcés du jansénisme, tandis que le P. Annat, jésuite et confesseur du Roi, en était un des plus ardents adversaires.
  2. Lettre 55. — i. « Cette lettre a été placée jusqu’à présent à la suite de celle du lundi ier décembre : voyez p. 454. Un examen