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1664

et il se fit une évacuation si extraordinaire, et de quelque chose de si corrompu, et de si propre à la faire mourir la nuit suivante dans son accès, qu’elle-même dit tout haut que c’étoit Mme Foucquet qui l’avoit guérie ; que c’étoit ce qu’elle avoit vidé qui lui avoit donné ces convulsions dont elle avoit pensé mourir la nuit d’auparavant. La Reine mère en fut persuadée, et le dit au Roi, qui ne l’écouta pas. Les médecins, sans qui on avoit mis l’emplâtre, ne dirent point ce qu’ils en pensoient, et firent leur cour aux dépens de la vérité. Le même jour le Roi ne regarda pas ces pauvres femmes qui furent se jeter à ses pieds. Cependant cette vérité est dans le cœur de tout le monde. Voilà encore de ces choses dont il faut attendre la suite.

(Mercredi 26e novembre.)

Ce matin M.  le chancelier a interrogé M.  Foucquet ; mais la manière a été différente : il semble qu’il soit honteux de recevoir tous les jours sa leçon par B***[1] Il a dit au rapporteur[2] de lire l’article sur quoi on vouloit interroger l’accusé ; le rapporteur a lu, et cette lecture a duré si longtemps qu’il étoit dix heures et demie quand on a fini.

    tagne avait épousé en 1657 Armand de Béthune, marquis, puis duc de Charost.

  1. Louis Berrier, créature et confident de Colbert. Après avoir été sergent au Mans (on prétendait même qu’il avait commencé par être marqueur de jeu de paume), il devint conseiller d’État ordinaire (1664), et procureur syndic perpétuel des secrétaires du Roi. Voyez la lettre 63, et dans la lettre du 7 octobre 1676 le mot de Mme Cornuel. — On lit dans le Journal manuscrit de d’Ormesson : « On m’assure que le dimanche M.  le chancelier a chassé Foucaut et Berrier qui alloient à l’heure ordinaire pour instruire M.  le chancelier de ce qu’ils souhaitoient qu’il dît le lendemain. » Dans un autre endroit, d’Ormesson s’exprime ainsi : « Berrier est le plus décrié de tous les hommes : le bruit court qu’il acquiert du bien par tous les moyens. »
  2. Olivier le Fèvre d’Ormesson, l’auteur du Journal, né en 1616,