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qu’à cela près vous fussiez en état par votre présence de me redonner encore la qualité de votre dupe. Mais sans pousser cet endroit plus loin, je vous dirai pour la dernière fois que je ne vous donne pour pénitence, c’est-à-dire pour supplice, que de méditer sur toute l’amitié que j’ai toujours eue pour vous, sur mon innocence à l’égard de cette première offense prétendue, sur toute ma confiance après notre raccommodement, qui me faisoit rire de ceux qui me donnoient de bons avis, et sur les crapauds et les couleuvres que vous nourrissiez contre moi pendant ce temps-là, et qui sont écloses heureusement par Mme  de la Baume. Basta[1], je finis ici le procès.

Pour la plaisanterie des corniches, je n’y veux pas entrer. Je crois qu’on me doit être obligé de cette retenue, et encore plus de vouloir bien traiter de diminutif une chose qui pourroit l’être de superlatif.

J’ai reçu ce que vous m’avez envoyé touchant notre maison ; je suis entêtée de cette folie. M. de Caumartin est très-curieux de ces recherches. Il y a plaisir en ces occasions de ne rien oublier, elles ne se rencontrent pas tous les jours. M. l’abbé de Coulanges verra M. du Bouchet, et moi j’écrirai aux Rabutins de Champagne, afin de rassembler tous nos papiers. Écrivez-lui aussi qu’il m’envoie l’inventaire de ce qu’il a ; mon oncle l’abbé en a aussi quelques-uns. Il y a plaisir d’étaler une bonne chevalerie, quand on y est obligé.

La[2] plus jolie fille de France est plus digne que jamais de votre estime, et de votre amitié ; elle vous fait des compliments. Sa destinée est si difficile à comprendre que pour moi je m’y perds.

  1. Basta, en italien, « (il) suffit, assez. »
  2. Dans le manuscrit de Langheac (voyez la Notice bibliographique), cet alinéa, ainsi que le suivant, jusqu’aux mots : « Adieu, Comte, etc. » font partie de la lettre 86.