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SUR MADAME DE SÉVIGNÉ.


dèles amis de Marie de Chantal, souhaita de faire épouser la riche et charmante orpheline à un de ses jeunes parents Henri de Sévigné[1], gentilhomme breton, dont la mère était Marguerite de Vassé. Celle-ci était fille de Lancelot de Vassé et de Françoise de Gondi, sœur de Philippe-Emmanuel de Gondi, père du coadjuteur. Il paraît que l’abbé de Coulanges se prêta facilement aux vues de Gondi, cousin germain de la mère du marquis : « il fut bien aise, nous dit Tallemant, de lui faire sa cour[2]. » La noblesse de Sévigné était bonne : « trois cent cinquante ans de chevalerie, dit madame de Sévigné elle—même[3], les pères quelquefois considérables dans les guerres de Bretagne et bien marqués dans l’histoire, quelquefois retirés chez eux comme des Bretons ; quelquefois de grands biens, quelquefois de médiocres, mais toujours de bonnes et grandes alliances. » Des Montmorency, des Clisson, des du Guesclin, tels étaient quelques-uns des noms illustres qu’on trouvait dans ces alliances[4].

S’il faut en croire Tallemant, Sévigné « avait fort peu de biens. » N’eût-il pas été plus exact de dire simplement que ces biens furent mal administrés par lui ? Dans un état dressé par son fils en 1696, les terres de Bretagne qui avaient appartenu au marquis, sont, d’après leur revenu, évaluées trois cent cinquante-huit mille francs, à savoir les Rochers, cent vingt mille francs ; la terre de Bodegat, cent vingt mille francs aussi ; la terre de Sévigné, dix-huit mille francs ; le Buron, cent mille francs. À moins de supposer que cette fortune fut dès lors obérée, elle ne semble pas si médiocre.

  1. On trouve aussi ce nom écrit souvent Sévigny. Sévigné a prévalu, et n’est pas, du reste, d’une orthographe moins ancienne que l’autre forme, puisqu’il se lit dans des actes de 1402 et de 1440. Bussy, qui écrivait le plus ordinairement Sévigny, écrit néanmoins Sévigné dans l’Histoire généalogique conservée à la bibliothèque de l’Arsenal et qui est tout entière de sa main. Dans ce même manuscrit le nom de Rabutin se trouve constamment sous la forme qui seule est admise aujourd’hui. Cependant madame de Sévigné, quand elle signait de son nom de Rabutin, l’écrivait quelquefois Rabustin. Rien n’était moins fixé alors que l’orthographe des noms propres. Emmanuel de Coulanges signait : Coulonges ; son père et ses oncles signaient : de Colanges.
  2. Historiette de Sévigny et de sa femme.
  3. Lettre à Bussy, du 4 décembre 1668.
  4. Ibid.