Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/9

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petits intérêts. Je ne suis point du tout charmé de la description de l’appartement qui m’y est destiné : cela seroit cruel pour moi d’être mal logé pour le reste de mes jours, sans compter la solitude du quartier.

M. le cardinal de Forbin a voulu absolument avoir mon portrait. Il l’a sur sa table et devant ses yeux, comme vous avez celui de feu M. Bignon[1]. Je suis bien récompensé de ce petit présent par le plaisir qu’il lui donne, et dont il m’a dit aussi qu’il vous avoit rendu compte.

Je suis toujours, Monsieur, plus que personne du monde, très-absolument à vous.


* 1314. — de madame de sévigné à Du Plessis.
A Grignan, ce 19e janvier.

Ah ! plût à Dieu que j’eusse des plumes taillées de votre main (je ne sors pas de furie, j’en écrase tous les jours cinq ou six), et qu’avec cette plume si bien taillée, que je n’ai point, je pusse, mon cher Monsieur, vous remercier dignement de la plus jolie étrenne du monde que vous m’avez envoyée! Elle fait plaisir à lire, elle plaît à l’imagination, elle est nouvelle : jamais on n’a si bien fait de la prose, nous en sommes tous demeurés d’accord ; nous y avons trouvé même de la poésie, car vous savez mieux que moi que le style figuré est une poésie. En vous remerciant donc, Monsieur, plus de mille fois, je serois bien heureuse si dans cette longue vie que vous me souhaitez, je pouvois vous rendre quelques services à ma fantaisie. Il me paroît que vous êtes toujours fort

  1. Sans doute celui dont il a été question au tome III, p. 367, note 23.