Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

-45-

d’un caprice si constant et si bizarre. Il y a quatre jours que je reçus une autre lettre de lui, par laquelle, à propos de rien, il me prévient sur la pensée que je pourrois avoir (pensée effroyable selon lui) que son frère l’abbé pourroit rapporter quelque grâce de la cour : enfin ou ne sait plus que dire à tout cela. Je lui écris aujourd’hui de fureur et de rage, et je lui mande que comme mon compliment n’étoit qu’une formalité, j’ai par provision revêtu son neveu du bénéfice, et que ma nomination est entre ses mains ; et pour faire tout cadrer, je l’antidate de quelques jours et j’ai l’honneur de vous l’envoyer, mon cher Marquis, pour que vous ayez la bonté d’envoyer chercher l’abbé de Monessargues, de lui montrer la lettre de son oncle, celle-ci, et ma nomination, et de lui donner vos conseils dans cette occasion. Pour moi, mon avis seroit qu’il ne fit semblant de rien, à moins que son oncle ne lui écrive, et que quelque chose qui arrive, il garde le bénéfice, d’autant mieux qu’il paroît clair qu’on ne veut pas l’en dédommager. J’ai cru, mon cher Marquis, que vous voudriez bien que tout cela passât par vous : ce jeune homme pourroit être embarrassé, et votre bon esprit le tirera d’affaire.

Dieu soit loué des heureuses couches de Mme la marquise de Caumont ! je l’assure ici de mon tendre respect, avec votre permission. L’irrégularité de la poste, qui a retardé la lettre que j’eus l’honneur de vous écrire et celle de mon gendre, me fait un tort considérable et me coûte bien de l’argent. Il étoit extrêmement nécessaire que MM. de Castellane eussent l’honneur de vous voir : j’aurai celui de vous écrire dans quelques jours au sujet de cette affaire, et je vous supplie très-humblement, mon cher Marquis, de m’accorder votre protection et vos services dans son temps.

Il faut encore retrancher, s’il vous plaît, les excuses