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et j’enverrois[1] cette personne au Missisipi[2]: au moins vous ferez ce qu’il vous plaira ; mais c’est un avis que je vous donne. Adieu. 1er juin.

  • 37. -- DE MADAME DE SIMIANE AU MARQUIS DE CAUMONT.

[Aix,] 8 juin.

VOTRE tête est bien remise, j’en suis ravie, mon cher Marquis ; conservez bien une chose si bonne de son naturel. J’ai donc jeté une pomme de discorde dans le ménage ? j’en suis toute fière :ce n’étoit pas un ouvrage aisé; il faut que j’aie de grands talents que je ne connoissois pas ; je m’étois souvent employée à raccommoder des maris et des femmes ; je n’y avois jamais réussi : c’est que je ne savois pas que mon talent étoit de les brouiller ; cela est si marqué, que c’est presque avec rien, comme vous voyez, que je réussis. Si la brouillerie va jusques à la séparation, je vous prie l’un ou l’autre de venir à Belombre. En attendant, je vous rends mille grâces des échantillons : il y en a un qui est mon fait, et qui marche aujourd’hui avec toutes les diableries et les sorcelleries à l’adressé de M. du Bois, ainsi que vous l’avez ordonné.

La convalescence de M. Lainé me coupe la gorge : tout va languir chez moi, c’est-à-dire les cheminées en grand. Je laisse tout cela, et je pars lundi. Si M. Lainé peut envoyer quelque chose, ayez la bonté de l’adresser 



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  1. 2. Le mot est écrit j’envoyerois dans l’autographe.
  2. 3. Sur les enlèvements qui .s’étaient faits, dix ans auparavant, pour le Missisîpi, de gens sans aveu et de gens « dont on se vouloit défaire, » voyez Saint-Simon, tome XVII, p. 461 et 462 ; voyez encore Barbier, tome I, p. 137.