Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/208

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1732 qu’il a fait travailler et découvrir les chemins, et qu’ayant trouvé la besogne trop forte, il a fait jeter de la terre qui couvre tous les creux, moyennant quoi on ne peut plus marcher. Faites usage de cet avis : il est important pour le commerce et pour ceux qui ont envie de vous aller voir.

Le Roi est à Compiègne[1] et rien n’est arrivé pour l’affaire girardique : on n’y comprend plus rien. Du reste, il n’y a nulle nouvelle. On parle toujours du grand armement d’Espagne. Le cardinal Coccia[2] est à Rome ; vous savez cela mieux que moi : la roue de Fortune qui l’avoit précipité, n’a pas été longtemps à faire son tour et à le ramener. Ne parle-t-on plus de ce pauvre roi de Sardaigne[3] ? Je suis en peine de lui, mais beaucoup plus de la santé de notre ami Anfossy, qui n’est, dit-on, pas bonne. Dites-moi ce que vous en savez, mon cher Marquis.

Bruais abuse bien de la permission qu’ont les ouvriers de faire enrager ceux pour qui ils travaillent. Combien veut-il garder mes consoles ? C’est l’éternité que ma maison ; mais c’est un bijou que tous les étrangers admirent. M. Lainé séroit bien content s’il entendoit les louanges qu’on lui donne. Je jouis du plaisir de la voir admirer, en

  1. 2. Depuis le 25 avril (Journal de Barbier, tome II, p. 259).
  2. 3. Nicolas Coscia, de Bénévent, cardinal en I725, de la création de Benoit XIII, dont il fut le favori : poursuivi à la mort de ce pape (février 1730) par la haine publique, accusé de concussion, il s’était réfugié à Naples en avril 1731 ; il revint à Rome le 13 avril de l’année suivante, mais pour y être enfermé dans un couvent pendant l’instruction de son procès ; par sentence du 3 mai I733 il fut condamné à tenir prison pendant dix ans dans le château Saint-Ange, excommunié, etc.
  3. 4. Victor-Amédée II, qui, après avoir abdiqué en 1730 était accusé d’avoir conspiré contre son fils, et venait d’être enfermé (septembre I731)au château de Montcaglieri, où il mourut au mois d’octobre suivant. Voyez Barbier, tome II, p. 204.