Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/235

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revenons à notre affaire. Quand on ne peut rien dire, que dit-on, je vous le demande? Je n’ai pas assez d’esprit pour fournir à une conversation forcée quand mon cœur ne s’ouvre pas, mon esprit se bouche. Des nouvelles? hélas! la ville d’Aix n’en fournit point. La mission est finie, la comédie lui succède demain, nous partons tous pour nos campagnes. La pauvre petite Castellane a eu la fièvre scarlatine et a été bien malade; elle est hors d’affaire. M. de Bonneval a la fièvre doubletierce, et Mlle de Suffren épouse M. de Nibles c’est comme si le P. Girard épousoit Mlle Cadière"; voilà pourquoi c’est une nouvelle. Et voici une commission car vous croyez peut-être, Monsieur, que vous serez tranquillement à Paris sans être chargé de rien pour moi ne vous en flattez pas. Vous saurez donc que dans un certain petit cabinet de ma maison d’Aix, cabinet où l’on va de ma chambre, cabinet soi-disant mon oratoire, il y a une petite tablette en encoignure, à plate-terre, qui me sert de bibliothèque elle a trois pans 7 et demi de hauteur je voudrois une jolie serrure et une jolie clef 2. C’est celle qui est appelée Pouponne dans plusieurs lettres. 3. Cette phrase a été étrangement défigurée dansl’éditionde 1773 « La pauvre petite Castellane a eu la fièvre; sœur Lutine en a été bien malade. »

4. Sans doute le père de M. de la Fare: voyez ci-après, p. i5a, note 1.

5. Geneviève de Suffren de Saint-Tropez épousa Alphonse-Louis Arnaud, baron de Vitrolles et d’Esparron, qui fut conseiller au parlement d’Aix, et qui était fils de Jules-Alphonse Arnaud, seigneur de Nibles, également conseiller au parlement. Elle était sœur du célèbre bailli de Suffren, qui devint dans la suite l’un des hommes les plus célèbres de la marine française; elle mourut à Aix le 4 novembre 1775.

6. Les deux familles avaient sans doute été de parti différent lors du scandaleux procès qui avait divisé toute la province. 7. Pan ou empan, huitièmede la canne (voyez ci-dessus, p. 76, note 1, et ci-après, p. 244, note 1).