Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/252

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droiture je m’adresse à vous, Monsieur; voyez si vous pourriez me faire ce sensible plaisir et rendre ce service essentiel à une pauvre infortunée, qui m’est extrêmement recommandée; mais je vous supplie de ne point me nommer; j’ai des raisons pour n’être point citée ni connue je vous les expliquerai un jour. Il est donc question de gens qui ont manqué aux ordonnances du Roi il est certain que ce placet doit être bien reçu, et que le ministre doit donner des ordres pour faire revenir ce fugitif. Il est certain encore que les faits sont exactement vrais. Vous ferez une très-grande œuvre de charité de remettre les choses dans le point de la justice. Ayez la bonté, Monsieur, de me mander ce que vous aurez bien voulu accepter de cette commission. Si vous voulez bien ` vous y prêter, faites-moi la grâce de me le mander d’une façon que je puisse montrer votre lettre, soit que l’on refuse, soit que l’on accorde. Comme il est tout simple que les Marseillois malheureux s’adressent à vous, il me paroît que rien dans cette prière que je vous fais ne doit vous faire de la peine. J’en serois bien fâchée mais bien redevable, si vous voulez bien vous charger de cette bonne œuvre; et le secret, s’il vous plaît, sur toutes choses, et que je ne sois point nommée en rien. Vous voyez avec quelle confiance je vous parle et les libertés que je prends. Pardonnez tout, Monsieur, et aimez toujours la personne du monde qui vous est le plus tendrement attachée.

Pontchartrain, chancelier de France. Il était depuis iya3 ministre de la marine.