Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/392

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3p6 CH. DE SÉVIGNE ET DACIER

XJ.OVSLCG .appelle les Uoittutcrcs uuutcdUA ut ica uttittuicrea connus, il les appelle publica materies de la juste idée de ces deux termes dépend l’intelligence de tout ce passage d’Horace, et nous l’expliquerons plus bas.

a Je demanderai, ajoute 51. de S* si l’on n’a pas plus d’attention pour Mithridate, pour Britannicus, pour Porus, que pourAstrate et pour le grand Ostorius1 ? » Qui en doute, et d’où vient que M. de S* me fournit encore ici de nouvelles raisons ? On a plus d’attention pour Mithridate et pour Britannicus que pour Ostorius et pour Astrate, pourcdes caractères connus que pour des caractères nouveaux d’où vient cela? De la difficulté de ces nouveaux caractères; ils sont difficiles, et voilà pourquoi Horace avertit de cette difficulté, et veut qu’on les évite, ou qu’on n’ait l’audace de les entreprendre que lorsqu’on se sent assez fort pour y réussir.

M. de S* finit par ces mots « Mais je soutiens que quand Racine lui-même, tout Racine qu’il est, inventeroit le plus beau sujet du monde, et qu’il le traiterait dans toutes les règles de l’art s’il donne à ses acteurs des noms feints et chimériques, les spectateurs n’en seront pas si touchés qu’ils l’ont été des admirables tragédies, » etc. Il soutient mal, et il en tombera d’accord, quand il saura que le contraire a été décidé par Aristote même, qui déclare que les pièces on tout est feint, les noms comme les choses, ne plaisent pas moins quand le sujet est bien traité; et il en donne un exemple qui est suivi de ce précepte « C’est pourquoi il n’est pas nécessaire de s’attàcher scrupuleusement à suivre toujours les fables reçues, d’où- l’ôii tire ordinairement les sujets des tragédies. Cela seroit ridicule, car ce qui est connu l’est ordinairement de peu de personnes, et cependant il divertit tout le monde également. » Aristote décide donc que les sujets et les noms feints ne touchent pas moins que les sujets et les noms connus; et ce jugement est considérable. Ce ne sont pas les noms qui touchent, ce sont les actions; les noms connus n’y servent de rien, ou de très-peu de chose. « Ce qui est connu, dit Aristote, l’est de très-peu de personnes; et cependant il divertit et touche tout le monde également. Un bourgeois de la rue Saint-Denis connoît fort peu Oreste et Téléphus2, et il ne qu’il cite plus loin « et deviennent publics dès que la propriété qui a été saisie par le premier occupant est par lui abandonnée au public; car ce quelqu’un 4 qui appartiennent les biens publics ( voyez ci-après, p. 308), c’est le public.

1 Ici et deux lignes plus loin; on avait, comme plus haut, p. 300 (voyez la fin de la note 2), imprimé Sâsostriits} dans toutes les éditions antérieures à la nôtre.

2. Le Théâtre-Français n’avait donné, que nous sachions, aucune tragédie