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NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. 485

Dans une autre fêtei, que le Roi donna en 1664, elle représenta un Amour déguisé en nymphe maritime.

Vous travestir ainsi, c’est bien être ingénu,

Amour c’est comme si pour n’être pas connu,

Avec une innocence extrême

Vous vous déguisiez en vous-même.

Elle a vos traits, vos feux, et votre air engageant,

Et de même que vous sourit en égorgeant;

Enfin, qui fit l’un a fait l’autre,

Et jusques à sa mère elle est comme la vôtre.

En i665 elle représenta Omphale dans le ballet royal de la naissance de Vénus.

Blondins accoutumés à faire des conquêtes,

Devant ce jeune objet si charmant et si doux,

Tout grands héros que vous êtes,

Il ne faut pas laisser pourtant de filer doux.

L’ingrate foule aux pieds Hercule et sa massue;

Quelle que soit l’offrande, elle n’est point reçue

Elle verroit mourir le plus fidèle amant,

Faute de l’assister d’un regard seulement.

Injuste procédé, sotte façon de faire,

Que la pucelle tient de Madame sa mère,

Et que la bonne dame au courage inhumain,

Se lassant aussi peu d’être belle que sage,

Encore tous les jours applique à son usage

Au détriment du genre humain.

Toutes les qualités aimables, qui pouvoient rendre la fille semblable à sa mère, se trouvoient réunies dans sa personne, et dès là qui pouvoit mieux qu’elle inspirer une excessive tendresse à Mme de Sévigné, et remplir toute la capacité du cœur le mieux fait et le plus sensible qui fut jamais? « Si vous êtes mon préservatif, dit la mère à sa fille*, je vous suis trop obligée et je ne puis trop aimer V amitié que j’ai pour vous. »

Mlle de Sévigné fut mariée les g d e janvier i66<) à François de Castellane, Adhémar de Monteil, comte de Grignan3, chevalier des ordres du Roi, lieutenant général au gouvernement de Provence et des armées de Sa Majesté.

Mme de Sévigné s’étoit flattée qu’en faisant le mariage de sa fille 1. Ballet des Amours déguisés. {Note de Pétrin.)

2. Voyez la lettre du 13 novembre 1675, p. 3a8, tome III. (Note dit même.) 3. « à François Adhémar de Monteil, comte de Grignan, etc. » [Édition de 1734.)