Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/97

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SUR MADAME DE SIMIANE. n

anéantis par ses retranchements. On a cru y suppléer en les donnant à un père de l’Oratoire de ses amis, et qu’elle estime; mais cet expédient ne l’a pas contentée. Elle exige du chevalier un avertissement, une préface, lettre, tout ce qu’il lui plaira, qui marque qu’elle désavoue cette édition1. Jugez si cela est praticable, et s’il remplirait bien l’idée qu’elle se propose. Le chevalier est trop engagé, il a promis cette suite, ellE lui est, entre nous, nécessaire pour faire écouler les restes de l’édition des. premiers volumes, qui ne lui ont pas rendu, à beaucoup près, ce qu’on pourroit s’imaginer. Pour Mme de Simiane, elle n’a qu’à laisser courir, et ignorer dans sa retraite ce qui se passe ailleurs

Scilicet is Superis laBor est

Je vous prie, Monsieur, de garder ceci pour vous. » On comprend maintenant pourquoi l’infortuné Perrin accusait sa protectrice « d’un peu d’inégalité dans l’humeur3. 1. Perrin, à la fin de l’Avertissement qu’il a mis en tête de ces deux volumes de 1737, s’y est pris fort habilement pour atténuer ce désaveu : « En donnant, dit-il, au public les deux volumes qui paroissent aujourd’hui, j’avois à combattre l’extrême délicatesse de Mme de Simiane, en sorte que sans lui demander un dernier aveu** j’ai cru qu’il me suffisoit de redoubler tous mes soins pour éviter le plus léger reproche de sa part. Pouvois-je en effet appréhender de lui manquer le moins du monde, en faisant une chose qui doit être si agréable au public, et en même temps si honorable à la mémoire de Mme de Sévigné ? » »

2. « Vraiment les Dieux ont bien de tels soucis. » (Virgile, Énéide, livre IV, vers 379.}

3. Voyezci-dessus, page5,unpeuaprèslesverscitésdanslanote. Nous plaçons à la suite de la notice de M. de Gallier une lettre du chevalier de Perrin à Mme de Simiane, qui nous montre, mieux que

  • En réimprimant son Avertissement en tête de l’édition de 1754, Perrin a remplacé «  » l’extrême délicatesse » par « les nouveaux scrupules ». Il a en outre modifié la tournure de la phrase et y a introduit quelques autres changements insignifiants.
    • Perrin met ici en note dans l’édition de 1737 « Mme de Simiane a desiré que le public fùt informé de cette circonstance. » Cette note n’a pas été reproduite dans l’édition de 1754.