Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/121

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1676 le lui aurois conseillé[1]. N’admirez-vous pas l’éclat et la puissance que donne la réverbération du soleil ? Si me miras, me miran[2] : n’aurons-nous jamais un rayon ? Je disois hier au fils d’un malheureux[3], que si avec son mérite et sa valeur, qui perce même la noirceur de sa misère, il avoit la fortune du temps passé, on lui auroit dressé un temple : je dis vrai ; mais si cela étoit, il seroit gâté.

Vous avez grand’raison de ne pouvoir vous représenter Mme  de Coulanges à l’agonie, et M. de Coulanges dans la douleur : je ne le croirois pas, si je ne l’avois vu ; une vivacité morte, une gaieté pleurante, ce sont des prodiges. La pauvre femme avoit encore hier la fièvre : on ne sort point nettement de ces grands maux. Quand je songe qu’au bout de dix mois j’ai encore les mains enflées, cela me fait rire ; car pour du mal, je n’en ai plus. Je ne proposerai point à Corbinelli de raisonner avec vous sans la méthode : il entre en fureur, et l’on n’est point en sûreté[4]. Il est occupé à faire des rondeaux sur la convalescence de Mme  de Coulanges ; je les corrige : jugez de la perfection de l’ouvrage. Adieu, ma chère enfant : venez et partez, et tenez-vous donc une fois pour décidée, et défaites-vous d’épiloguer sur les bienséances de votre voyage ; elles y sont tout entières, et ce n’est pas moi seule qui le dis[5].

  1. 21 Les deux derniers membres de phrase ne se trouvent que dans l’édition de 1734.
  2. 22. Si tu me regardes, (tous) me regardent. — Voyez la lettre du 26 janvier 1674, tome III, p. 388, note 1.
  3. 23. Au comte de Vaux, fils de Foucquet.
  4. 24. Cette phrase manque dans l’édition de 1734, qui donne, au commencement de la suivante, Corbinelli, au lieu du pronom il.
  5. 25. L’édition de 1734 donne seulement : venez et partez, et tenez-vous donc une fois pour décidée. » La fin de la phrase manque.