Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/128

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1676 causons et nous lisons : le compère, qui sent que je suis ici pour l’amour de lui, me fait des excuses de la pluie, et n’oublie rien pour me divertir ; il y réussit à merveilles ; nous parlons souvent de vous avec tendresse[1].


de charles de sévigné.

La fille du seigneur Alcantor n’épousera donc point le seigneur Sganarelle, qui n’a que cinquante-cinq ou cinquante-six ans[2] : j’en suis fâché ; tout étoit dit, tous les frais étoient faits. Je crois que la difficulté de la consommation a été le plus grand obstacle ; le chevalier de la Gloire[3] ne s’en trouvera pas plus mal : cela me console. Ma mère est ici pour l’amour de moi ; je suis un pauvre criminel, que l’on menace tous les jours de la Bastille ou d’être cassé. J’espère pourtant que tout s’apaisera par le retour prochain de toutes les troupes. L’état où je suis pourroit tout seul faire cet effet[4] ; mais ce n’est plus la mode. Je fais donc tout ce que je puis pour consoler ma mère, et du vilain temps, et d’avoir quitté Paris ; mais elle ne veut pas m’entendre, quand je lui parle là-dessus. Elle me parle toujours des soins[5] que j’ai pris d’elle pendant sa maladie ; et à ce que je puis juger par ses discours, elle est fort fâchée que mon rhumatisme ne soit pas universel, et que je n’aie, pas la fièvre continue, pour me pouvoir témoigner toute sa tendresse et toute l’étendue de sa reconnoissance. Elle seroit tout à fait contente, si elle m’avoit seulement vu en état de me faire

  1. 5. Ce dernier membre de phrase n’est pas dans l’édition de 1754.
  2. 5. Voyez la scène II du Mariage forcé, comédie de Molière. (Note de Perrin.)
  3. 7. Le chevalier de Grignan. (Note du même.)
  4. 8. « Produire cet effet, » (Édition de 1754-)
  5. 9. « Elle revient toujours sur les soins. » (Ibidem.)