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de madame de coulanges.

Je suis aise de n’être point morte[1], Madame, puisque vous revenez cet hiver. Je suis dans votre maison : je ne pouvois plus souffrir la chambre ni le lit où je suis morte. Que ne venez-vous avoir des transparents[2] comme les autres ? Vous épargneriez fort bien le brocart, et personne ne me paroît plus propre à croire Monsieur le Prince que vous. Comment cela vous paroît-il ? Vous êtes la première personne à qui j’écris de ma main : il y a quelque chose entre nous ; je ne sais pas trop bien ce que c’est. L’abbé Têtu n’est pas encore en quartier d’hiver[3] Adieu, Madame : je souhaite en vérité bien vivement votre retour.


de madame de sévigné.

Voilà un style qui ressemble assez à celui de la défunte. Nous avons ri de ce que vous avez dit d’elle et de la Garde, comparant l’extrémité où ils ont été tous deux, et dont ils sont revenus : cela fait voir que la sagesse revient de loin, comme la jeunesse. J’attends d’Hacqueville[4] et le chevalier de Grignan, pour former mon

  1. 19. « De n’être plus morte. » (Éditions de 1734 et de 1754-)
  2. 20. Dans l’édition de 1734 « avec des transparents comme les autres ; » dans celle de 1754 « paroître avec des transparents, etc. »
  3. 21. Dès que l’été commençait, l’abbé Têtu allait à Fontevrault charmer les loisirs de Mme de Rochechouart, que Saint-Simon appelle la reine des abbesses ; l’hiver le ramenait auprès de Mme de Coulanges. (Note de l’édition de 1818.)
  4. 22. Cette phrase ne se trouve pas dans l’édition de 1734, qui, après les mots : comme la jeunesse, termine la lettre ainsi : « Adieu, ma très-chère et trop aimée mille fois pour mon repos : si vous avez pris le parti que nous souhaitons, vous devez être partie, et cette lettre vous trouvera en chemin. » Dans l’édition de 1754, on lit de plus la phrase : J’attends d’Hacqueville etc. ; et ensuite la fin que