Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/153

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1676 vous prenez ; elle sera approuvée de tout le monde ; elle me donne une joie que vous êtes fort loin de comprendre[1]. Ce fut dans le chagrin de vos irrésolutions, que je voulus vous dire que, bien loin de m’aimer plus que vous ne disiez, vous m’aimiez moins, puisque vous ne vouliez point me venir voir : voilà l’explication de cette grande rudesse ; mais, ma fille, je change de langage en changeant mon humeur chagrine contre une véritable joie. Je crois que vous en avez eu beaucoup en voyant[2] le cardinal de Bouillon : vous aviez bien à causer. Vous avez vu que je vous mandois de notre cardinal à peu près les mêmes choses que vous m’en dites : je crois que vous êtes aussi blessée que moi de la pensée de ne le plus voir ; je ne puis m’accoutumer à ce malheur[3].

Je suis fort contente de vos conducteurs ; ayez soin, mon enfant, de m’avertir de tous vos pas. Le bon abbé vous baise les mains ; il vous demande pardon de vous avoir offert sa chambre : ce fut une petite bouffée de retraite, qui lui vient ordinairement après la confession[4]. Je suis fort aise[5] de savoir que l’ouverture de l’assemblée s’est faite comme vous le désiriez, et que le petit discours a été bien et gentiment prononcé[6]. Je m’en

  1. 29. « Je suis vraiment bien contente… et vous êtes fort loin de comprendre la joie qu’elle me donne. » (Édition de 1754.)
  2. 30. « Je crois que la vôtre n’a pas été médiocre de voir. » (Ibidem.)
  3. 31. Ce dernier membre : « je ne puis m’accoutumer, etc. » manque dans l’édition de 1754, qui a modifié ainsi le commencement de la phrase : « Ce que je vous ai mandé du cardinal de Retz se rapporte bien à tout ce que vous m’en dites. »
  4. 32. Cette phrase relative au bon abbé n’est que dans l’édition de 1734.
  5. 33. Dans l’édition de 1754 : « J’ai été fort aise, » et plus loin : « comme il convenoit, » au lieu de : « comme vous le désiriez, »
  6. 34. L’ouverture de l’assemblée s’était faite, nous l’avons dit, le 9 novembre, à Lambesc. La Gazette du 21 annonce que « le comte de Grignan et le sieur Rouillé, intendant, représentèrent par deux.