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1676

601. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 27e novembre.

Enfin, ma très-chère et très-aimable, je vous écris à Valence : ce changement me ravit. J’espère que vous aurez passé sagement ces terribles bords du Rhône, et que je recevrai de vos nouvelles, pour savoir où vous envoyer un carrosse : si vous voulez que ce soit à Briare, je l’approuve très-fort, et vous serez servie à point nommé. Je revins hier de Livry : je ramenai le frater, parce que la Fare est arrivé, et que voilà qui est fini. Je vis en arrivant le chevalier de Grignan, M. d’Hacqueville, Mme de Vins, M. de la Trousse : nous parlâmes fort de votre retour. Je vous ai mandé comme j’avois vu Pomier à Livry, et comme je le renvoyai à Saint-Germain avec un billet pour M. de Pompone. Le voilà qui entre : il a présenté vos paquets à M. de Pompone, qui les a très-bien reçus. La nouvelle des huit cent mille francs a été très-agréable au Roi et à tous ses ministres. On a promis pour lundi l’ordonnance : j’aurai soin de tout. Mme de Vins[1] répond du congé de M. de Grignan. Sa Majesté a eu un habit de mille écus[2], si beau, si riche, que tout le monde y veut entendre finesse. Adieu, ma chère enfant : je ne sais ce que j’ai, je n’ai plus de goût à vous écrire ; d’où vient cela ? seroit-ce que je ne vous aime plus ? En vérité, je ne le crois pas, ni vous non plus. J’ai une envie extrême de vous entendre conter bien des choses. Le Baron[3] vous embrasse et n’aspire qu’à vous voir et aller au-devant de vous.

  1. Lettre 601. — 1. « Se charge. » (Édition de 1754.)
  2. 2. Les mots de mille écus manquent dans l’édition de 1754.
  3. 3. Cette dernière phrase n’est pas dans l’édition de 1754, qui ter-