Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/172

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Adieu, Monsieur vous trouverez bon que j’assure ici Mme de Coligny de mes très-humbles services ; je vous avoue qu’elle me plaît fort sur toutes sortes de chapitres ; je me fierois plus à elle qu’à tout ce que je connois de femmes qui se piquent de quelque chose.


610. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE MADAME DE LA TROCHE À MADAME DE GRIGNAN[1].

À Paris,, mardi 8e juin.

de madame de sévigné.

Non, ma fille, je ne vous dis rien, rien du tout : vous ne savez que trop ce que mon cœur est pour vous ; mais puis-je vous cacher tout à fait l’inquiétude que me donne votre santé[2] ? c’est un endroit par où je n’avois pas encore été blessée ; cette première épreuve n’est pas mauvaise : je vous plains d’avoir le même mal pour moi ; mais plût à Dieu que je n’eusse pas plus de sujet de craindre que vous ! Ce qui me console, c’est l’assurance que M. de Grignan m’a donnée de ne point pousser à bout votre courage ; il est chargé d’une vie où tient absolument la mienne : ce n’est pas une raison pour lui faire augmenter ses soins ; celle de l’amitié qu’il a pour vous

    quelque secrète complaisance en voyant qu’il sort de l’Académie (le cardinal d’Estrées en était membre depuis 1658 ; il avait succédé à du Ryer) des princes du sacré sénat, et que votre suffrage, que nous avons compté quelquefois parmi les nôtres, concourt maintenant avec le Saint-Esprit au gouvernement de son Église. »

  1. Lettre 610. — 1. Voyez plus haut, p. 155, note 2.
  2. 2. Sur le séjour de Mme de Grignan à Paris, et sur les inquiétudes que sa santé donnait à sa mère, voyez la Notice, p. 221 et suivantes.