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ne puis jamais dire, et le mérite plus que vous ne vous sauriez l’imaginer : c’est tout dire.

633. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, mardi, en attendant mercredi 4^e août.

Je vins ici samedi matin, ma très-chère, comme je vous l’avois mandé. La comédie^[1] du vendredi nous réjouit beaucoup : nous trouvâmes que c’étoit la représentation de tout le monde ; chacun a ses visions plus ou moins marquées. Une des miennes présentement, c’est de ne me point encore accoutumer à cette jolie abbaye, de l’admirer toujours comme si je ne l’avois jamais vue, et de trouver que vous m’êtes bien obligée de la quitter pour aller à Vichy. Ce sont de ces obligations que je reproche au bon abbé, quand j’ai écrit deux ou trois lettres en

↑ Lettre 633. — 1. Les Visionnaires de Desmarets (voyez plus haut, p. 242). On lit dans le Segraisiana (la Haye, 1722, p. 179) que le cardinal de Richelieu avait donné à Desmarets le dessein des Visionnaires. Mélisse, qui n’aime qu’Alexandre le Grand, était M^me de Sablé, qui, ayant rebuté le Cardinal, lui avait donné lieu de faire courir le bruit qu’elle n’aimait que ce héros. M^me de Chavigny était représentée par la coquette Hespérie ; et enfin Sestiane qui n’aime que la comédie, était M^me de Rambouillet : ces allusions et la critique de quelques ridicules donnèrent à cette pièce un succès qu’on a peine à comprendre aujourd’hui. C’était en 1637 ; notre théâtre ne présentait encore aucune comédie de caractère ; le Menteur de Corneille ne fut joué qu’en 1642. Aussi la pièce de Desmarets fut-elle honorée par les contemporains du titre d’inimitable. (Note de l’édition de 1818.) — Louis XIV, dans sa jeunesse, avait joué un rôle dans la comédie des Visionnaires ( Madame dit : du Visionnaire), et savait cette pièce par cœur : voyez les Lettres de Madame de Bavière, tome I, p. 64, édition de 1788, et p. 83 de l’édition allemande de 1789.

[1] Lettre 633. — 1. Les Visionnaires de Desmarets (voyez plus haut, p. 242). On lit dans le Segraisiana (la Haye, 1722, p. 179) que le cardinal de Richelieu avait donné à Desmarets le dessein des Visionnaires. Mélisse, qui n’aime qu’Alexandre le Grand, était M^me de Sablé, qui, ayant rebuté le Cardinal, lui avait donné lieu de faire courir le bruit qu’elle n’aimait que ce héros. M^me de Chavigny était représentée par la coquette Hespérie ; et enfin Sestiane qui n’aime que la comédie, était M^me de Rambouillet : ces allusions et la critique de quelques ridicules donnèrent à cette pièce un succès qu’on a peine à comprendre aujourd’hui. C’était en 1637 ; notre théâtre ne présentait encore aucune comédie de caractère ; le Menteur de Corneille ne fut joué qu’en 1642. Aussi la pièce de Desmarets fut-elle honorée par les contemporains du titre d’inimitable. (Note de l’édition de 1818.) — Louis XIV, dans sa jeunesse, avait joué un rôle dans la comédie des Visionnaires ( Madame dit : du Visionnaire), et savait cette pièce par cœur : voyez les Lettres de Madame de Bavière, tome I, p. 64, édition de 1788, et p. 83 de l’édition allemande de 1789.

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