Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1677 une princesse plus belle que le jour ; c’étoient les fées qui souffloient sur elle à tout moment. Le prince des délices étoit son amant ; ils arrivèrent tous deux dans une boule de cristal, alors qu’on y pensoit le moins ; ce fut un spectacle admirable : chacun regardoit en l’air, et chantoit sans doute :

Allons, allons, accourons tous,
Cybèle va descendre[1]

Ce conte dure une bonne heure ; je vous en épargne beaucoup, en considération de ce que j’ai su que cette île verte est dans l’Océan ; vous n’êtes point obligée de savoir exactement ce qui s’y passe. Si c’eût été dans la Méditerranée je vous aurois tout dit, comme une découverte que M. de Grignan eût été bien aise d’apprendre.

Nous ne savons aucune nouvelle : les pensées du beau monde et de la galanterie ont fait place à celles de Mars. Votre frère, dans la crainte qu’il n’y eût une occasion[2], veut aller mettre son nez à l’armée : il ira à Bourbon au mois d’octobre, s’il en a besoin. C’est une chose si délicate que la réputation de ces Messieurs, qu’ils aiment mieux passer le but que de demeurer en chemin.

Je vous manderai[3] avant mon départ des nouvelles de la Rampardière ; nous n’avons pas voulu nous engager

    sonne, la traiter favorablement, pour gagner ou pour conserver ses bonnes grâces. »

  1. 5. Ces vers reviennent trois fois dans la IIIe scène du Ier acte de l’opéra d'Atys de Quinault.
  2. 6. Dans le texte de 1734 : « de crainte qu’il n’y ait une occasion » ; dans celui de 1754 : « dans la crainte qu’il n’y ait une occasion. »
  3. 7. Cette phrase ne se trouve que dans notre manuscrit ; mais il n’a pas l’alinéa suivant, qui termine la lettre.