Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/277

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1677 d’être demeuré ici seul et tranquille. Pour moi, j’ai fort approuvé son dessein, je l’avoue : vous voyez que je laisse assez bien partir mes enfants.

Il y a longtemps que je suis de votre avis pour préférer les mauvaises compagnies aux bonnes : quelle tristesse de se séparer de ce qui est bon ! et quelle joie de voir partir une troupe de Ch** ![1] Ne vous souvient-il point de la couvée de Fouesnel, comme nous tirions agréablement le jour et le moment de leur bienheureuse sortie ? Nous nous mettions à compter[2] dès la veille, et nous trouvions que nous avions le plus beau jeu du monde le lendemain. Soutenons donc, ma bonne, que rien n’est si bon dans les châteaux qu’une chienne de compagnie, et rien n’est si mauvais[3] qu’une bonne. Si l’on veut l’explication de cette énigme, qu’on vienne parler à nous[4].


Je pars[5] lundi pour aller voir notre ami Guitaut ; je souhaite qu’il me mette au rang de ces compagnies que l’on craint : pour moi, je le trouve en tout temps digne d’être évité. Sa femme accouche ici : elle en est au désespoir ; elle s’y trouve engagée par un procès. Le bon abbé vient avec moi : je ne suis pas fort gaie, comme vous pouvez penser ; mais qu’importe ?

  1. 4. Nous avons adopté la leçon de 1754. Les impressions de 1726 et de 1734 en ont une toute différente : « Une troupe de Provençaux, tels que vous me les nommez. »
  2. 5. Cette phrase ne se trouve que dans les éditions de 1726. Nous avons suivi le texte de la Haye ; celui de Rouen est : « Nous nous mettions à couleur. »
  3. 6. « Et rien de si mauvais. » (Édition de 1754.)
  4. 7. Voyez la lettre du 28 juin 1671, tome II, p. 258, et sur les Fouesnel, la p. 359 du même tome.
  5. 8. Cet alinéa, sauf la dernière phrase, se lit pour la première fois dans l’édition de 1754. Les impressions de la Haye, de Rouen et de 1734 donnent simplement : « Je pars pour Vichy ; le bon abbé vient avec moi, etc. »