Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/286

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1677 vous jugez bien qu’on n’en auroit pas le loisir, à moins que d’être paisiblement dans son carrosse. J’y ajoute que le monde est un peu trop tôt consolé de la perte d’une telle personne, qui avoit bien plus de bonnes qualités que de mauvaises[1].


À Joigny, mercredi au soir.

Nous sommes venus courant la bague depuis la dînée. Le beau pays, et la jolie petite terre ! elle n’est pas pourtant plus affermée que vingt mille écus depuis la misère du temps : elle alloit autrefois plus haut. Ma fille, il ne s’en faut qu’une tête qu’elle ne soit à vous[2] ce seroit un beau coup de dé. On[3] me dit que la poste pour Lyon ne passe ici que par mille détours : ce n’est pas ici la grande route ; on écrit aisément à Paris, ce n’est pas de même pour Lyon. J’espère demain de vos nouvelles à Auxerre ; vous avez bien disposé leur marche. Écrivez à M. Roujoux, maître de la poste de Lyon, que vous le priez d’avoir soin de me faire tenir vos paquets à Vichy ; je viens de lui écrire, car il n’y a que de Paris que les lettres aillent droit à Montélimar ; il faut de partout ailleurs les adresser à Lyon.

  1. 18. On lit dans la Gazette du 14 août, à la suite de la nouvelle de sa mort : « Sa vertu et sa conduite l’ont fait extrêmement regretter. » — Les deux apostilles qui suivent, écrites l’une de Joigny et l’autre d’Auxerre, forment deux lettres à part dans l’édition de 1734.
  2. 19. Le comté de Joigny était anciennement dans la maison de Laval ; il fut acquis le 15 décembre 1603 par le cardinal Pierre de Gondi, qui, par le contrat de mariage de Philippe-Emmanuel de Gondi son neveu, lui en donna la nue propriété le 11 juin 1604. Le père de la duchesse de Lesdiguières avait hérité de ce comté, et s’il n’avait pas laissé cette enfant, son immense fortune aurait été dévolue au cardinal de Retz. Celui-ci avait témoigné l’intention d’instituer sa chère nièce sa légataire universelle. (Note de l’édition de 1818.) Voyez tome III, p. 497 et 498.
  3. 20. Cette phrase et les deux suivantes ont été retranchées dans l’édition de 1754.