Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/291

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1677 pas que nous ne nous vissions. Le chemin d’Époisse à Vichy par Nevers est beaucoup plus méchant, et aussi long pour le moins que par ce pays-ci. Nous vous donnerons des relais, Toulongeon, Jeannin et moi. Venez, Madame ; je suis assuré que le bon abbé sera de mon avis. Vous séjournerez ici un jour ; si vous êtes pressée, vous n’y coucherez qu’une nuit, et le lendemain nous irons à Montjeu. De là vous vous embarquerez pour Vichy. Si vous ne connoissiez la situation de Montjeu[1], je me serois servi d’un autre mot que d’embarquer, de peur que vous ne le prissiez pour un port de mer ; mais vous entendez les figures.

Mandez-moi le jour que vous vous trouverez à Lucenay[2] ; car[3] nous irons au-devant de vous jusque-là. Ma foi, vous ne sauriez mieux faire ; et ne vous allez pas mettre dans la tête que ce seroit une légèreté de changer de résolution : le sage change selon les occurrences.

Depuis ma lettre écrite, je viens d’apprendre la levée du siège de Charleroi. Il faut dire la vérité, voici de longues prospérités ; mais je remarque que Dieu n’a pas seulement fait le Roi le plus grand roi du monde, il a encore fait les princes qui sont ses ennemis les plus indignes princes de la terre[4].

  1. 7. Voyez tome III, p. 115, note 1.
  2. 8. Lucenay-L’Évêque, chef-lieu de canton de l’arrondissement d’Autun, sur la route de Saulieu à Autun.
  3. 9. Car manque dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, qui donne aux lignes 2 et 3 de l’alinéa suivant « de longues et de surprenantes prospérités ; » et, à la fin de ce même alinéa, remplace les mots : « les plus indignes princes » par « les plus sottes gens. »
  4. 10. Dans notre manuscrit, cette fin a été corrigée ainsi, d’une autre main que celle de Bussy : « Mais je remarque que Dieu n’a pas seulement fait le Roi le plus grand roi du monde par sa conduite ; il l’a encore fait tel par son étoile. »