Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/323

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1677 Vardes : leurs esprits se sont frappés d’un agrément égal ; ç’a été un coup double : cette connoissance qu’ils avoient de se plaire les rendoit plus aimables. J’eusse été fort aise que Vardes fût demeuré ici ; Corbinelli y seroit venu. Vous comprenez bien quelle extrême consolation je trouverois à vous y avoir : je vois vos sentiments là-dessus ; mais cette Providence n’a pas voulu[1] : cela n’est-il pas visible par tout ce qu’elle a dérangé ? Elle veut donc que vous veniez cet hiver, et que nous soyons en même maison : je n’ai nul dessein d’en sonner la trompette ; mais il a fallu le mander à d’Hacqueville pour nous arrêter le Carnavalet[2]. Il me semble que c’est une grande commodité à toutes deux, et bien de la peine épargnée, de n’avoir point à nous chercher. Il y a[3] des heures du soir et du matin quand on loge ensemble, qu’on ne remplit point quand on est pêle-mêle avec les visites. Car je compte, ma belle, que vous viendrez dans l’appartement de ma maison que je vous ai destiné, excepté que vous ayez pour vous seule une autre maison toute trouvée ; je me conformerai à vos desseins, j’entrerai dans vos pensées, je me ferai un plaisir de vos volontés, vous me ferez changer d’opinion, je croirai que tout

  1. 11. « Ne l’a pas voulu. » (Édition de la Haye, 1726.)
  2. l2. Les deux derniers membres de phrase ne se trouvent que dans l’édition de 1754, qui n’a pas les mots : « et que nous soyons en même maison. »
  3. 13. « Il y a des heures du soir et du matin pour ceux qui logent ensemble, qu’on ne remplace point, etc. » (Édition de 1754.) Ce qui suit est le texte de la Haye (1726). Dans l’édition de Rouen (1726) et dans la première de Perrin (1734), on lit : « Si je me trompe, et que vous ayez pour vous seule une autre maison toute trouvée, je me conformerai, etc. » Dans celle de 1754 : « Enfin, je crois que vous avez sur cela les mêmes sentiments que moi, et que cette maison se rencontrant, il ne se peut rien de mieux pour cet hiver. Adieu, ma chère fille : nous sommes ici, etc. »