Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/351

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Je n’avois plus besoin de la douche ; comme je n’avois plus de sérosités, elle m’eût échauffée : ce fut donc par sagesse et par raisonnement que je la quittai, sans aucun mal de tête, ni incommodité qui se puisse nommer. Je suis au désespoir de l’inquiétude que vous en avez eue ; le chevalier vous dira si je mens. Au nom de Dieu, ne recommençons point à nous faire dire mille cruautés : portez-vous aussi bien que moi, et je vous promets de n’être point en peine. Quelle joie, ma chère enfant, de vous voir belle et fraîche, et sans dragons ! Ah mon Dieu ! les étranges et dévorantes bêtes ! Vous n’êtes pas la seule à qui elles font du mal[1]. La bonne Sanzei vous dit mille amitiés. Nous partons demain matin pour être jeudi 7e à Paris. Mon fils[2] ne m’écrit point réglément : il se portoit bien il y a quinze jours ; il sera ravi que nous ayons une maison, et que vous reveniez ; il me paroît aussi tendre pour vous que vous l’êtes pour lui, et tous deux vous ne me haïssez pas trop : cela n’est-il pas joli ? Adieu, ma très-chère, je suis très-humble servante de M. de la Garde ; votre voyage ne peut manquer d’être heureux avec lui.


660. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET d’EMMANUEL DE COULANGES À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, jeudi 7e octobre.

de madame de sévigné.

On ne peut avoir pris des mesures plus justes que les

  1. 8. Cette phrase et la suivante ne sont pas dans l’édition de 1754.
  2. 9. Toute cette phrase manque dans le texte de 1734, et celle qui termine la lettre ne se lit pas dans l’édition de 1754.