Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/357

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1677 autre chaperon dans la fantaisie que celui d’Aix[1] ; et ce qui le prouve, c’est qu’il ne veut pas aller à l’assemblée. Je vous ai mandé le peu d’espérance qu’il y a pour votre curé du Saint-Esprit[2]. M. de Guitaut[3], qui est ici, a recommandé puissamment ce pauvre exilé, et l’a pris hautement sous sa protection. Il est fort empêché à tromper sa femme, qui croit son fils en santé à Époisse[4], et il est mort : il craint les éclats qu’elle fera, en apprenant cette nouvelle ; c’est une affaire. Ces sœurs-là[5] ont d’étranges têtes : quoique la Guitaut soit pleine de mille bonnes choses, il y a toujours la marque de l’ouvrier. J’ai été à Saint-Maur voir Mme  de la Fayette ; je suis fort satisfaite de son affliction sur la perte de ce bon Bayard : elle ne peut s’en taire, ni s’y accoutumer. Elle ne prend plus que du lait ; sa santé est d’une délicatesse étrange : voilà ce que je crains pour vous, ma fille ; car vous ne sauriez bien vous conserver comme elle[6]. Mon Dieu ! que je serai ravie de voir de mes deux yeux cette santé que tout le monde me promet, et sur quoi vous m’avez si bien trompée, quand vous avez voulu ! Ah ! ma fille,

  1. 4. Ce chaperon était sans doute le chapeau de cardinal. Peut-être aussi Mme  de Sévigné veut-elle dire que l’évêque de Marseille aspirait à un autre siége épiscopal ou archiépiscopal que celui d’Aix, qui lui donnait de droit la présidence de l’assemblée de Provence. Il fut nommé évêque de Beauvais en 1679 et cardinal en 1690.
  2. 5. Voyez le commencement de la lettre précédente, p. 346.
  3. 6. Le texte de 1734 donne simplement : « M. de Guitaut est ici ; il est fort empêché, etc. »
  4. 7. Voyez la lettre précédente, p. 348. L’édition de 1754 n’a pas le membre de phrase : « et il est mort. » A la ligne suivante, elle donne « en apprenant la mort de cet enfant. »
  5. 8. C’est-à-dire Mme  de Guitaut et Mme  de Caumartin ; mais cette phrase manque dans l’édition de 1734-
  6. 9. « Car vous ne savez point vous bien conserver comme elle. » (Édition de 1754.)