Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1678 ment[1] ce que Voiture disoit à Monsieur le Prince[2] que s’il lui plaisoit de lever une fois un siége, nous autres admirateurs pourrions reprendre haleine et nous sauver par la diversité des événements ; mais je pense que Sa Majesté aimera encore mieux nous mettre à sec que de ne pas prendre encore Ypres[3] comme il a pris Gand.

Vous avez raison de trouver mauvais que des poëtes soient ses historiens, car outre que ces gens-là décréditent les vérités quand il leur en échappe, c’est que les actions du Roi sont déjà un peu incroyables par leur grandeur. Je crois que pour rendre son histoire vraisemblable, il faudroit entrer dans de grands détails ; car qui ne diroit que les événements ne seroit pas croyable. Les flatteurs plaisent au commencement, mais ils dégoûtent quand ils flattent toujours, et qu’ils ne mêlent pas leurs louanges de quelques sincérités moins favorables. Je

    panégyriques des grands rois. » — Au paragraphe suivant, après les mots : « incroyables par leur grandeur, » nous trouvons dans ces mêmes éditions une autre addition dont nous ignorons aussi l’origine : « D’ailleurs des gens qui n’ont jamais fait que des vers ne se peuvent défaire de certaines expressions enflées qui ne conviennent point à la simplicité que demande l’histoire. » — Enfin, à la page 430, ligne 6, après les mots : « à Charles VII, » on a encore ajouté ceci : « Vous me faites bien de l’honneur de croire que j’eusse dit la même chose en pareille rencontre, et que je ne laisserai pas la postérité embarrassée entre les louanges que mérite le Roi et celles que les flatteurs ont données à la plupart des autres princes. Le couplet que vous m’avez envoyé (voyez p. 426, note 14) pour le Roi me touche extrêmement par sa justesse et par sa justice ; du temps que j’en faisois, je l’aurois fait ainsi. Adieu : ne me laissez pas longtemps sans réponse. »

  1. 3. Les mots : « bien plus justement, » ne sont pas dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale.
  2. 4. Voyez tome IV, p. 65, note 17.
  3. 5. « Que de ne pas prendre Ypres même » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)