Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/437

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sont nos beaux jours[1]. Je vous assure, ma chère tante, que c’est ma plus agréable lecture, avec les réponses de mon père ; et toute l’antiquité la plus délicate ne me réjouit pas tant que vous deux ; ce qui est encore vrai, c’est que des siècles passés et présent je n’admire, je n’honore, et je n’aime personne tant que vous.


* 687. — DE MADAME DE GRIGNAN À SON MARI.

[Paris, ] ce 25e mars.

Vous n’aurez de moi qu’un mot aujourd’hui, mon très-cher Comte : j’ai remis à vous écrire ce soir, et j’ai fait une si rude journée que je n’en puis plus. Vêpres et le sermon en sont, comme vous pouvez croire, un si bon jour[2] ; de là chez M. Colbert, qu’on ne voyoit pas, et où il faudra avoir la peine de retourner ; et puis en mille endroits ; j’ai fini ma journée par souper chez Mlle de Méri, d’où je vous écris à dix heures du soir. Au reste nous faisons une vie enragée dans notre quartier. La folie de la bassette[3] nous a jetées dans un jeu de soirée

  1. 16. Au lieu de cette fin de phrase : « je travaille, etc., » on lit dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « le seul qu’on ait ici, c’est celui de jouer deux fois ; le jour les promenades y sont vilaines, les conversations n’y valent rien, et les sermons pas davantage. Jugez après cela si vos lettres nous font du plaisir, elles qui en font à toute la cour. » Le même manuscrit donne de plus, à la fin de la lettre, la phrase suivante : « Vous voulez bien que j’assure ici ma cousine de mes très-humbles services, et que je l’embrasse de tout mon cœur. »
  2. Lettre 687 (revue sur l’autographe). — 1. C’était la fête de l’Annonciation.
  3. 2. « Jeu de cartes qui a été fort commun ces dernières années, et qu’on a été obligé de défendre (par un arrêt du Parlement de Paris,