Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/448

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1678 cinq jours de retardement pourront être suivis de plusieurs autres[1].

Mme de Monaco se meurt encore : elle est hors de toute espérance de pouvoir vivre, et se voit mourir avec un jugement sain qui devroit épouvanter et qui ne trouble pourtant pas sa constance. Elle meurt avec toute la fermeté possible ; elle l’a communiquée à ses amies, car on ne peut pas la voir mourir avec plus de fermeté qu’en témoignent Mme de Louvigny et Mlle de Grancey[2] : M. de Monaco est le seul qui leur dispute, mais pour lui il a ses raisons, et l’on comprend facilement le peu de regret qu’il a de perdre cette personne qui s’étoit séparée de lui volontairement.

La Garde vous fait faire une housse : je l’ai prié d’en prendre le soin pendant que je suis ici à respirer un air qui me fera autant de bien que du lait. J’y passerai jusques au lendemain des fêtes[3] ; l’abbé m’y viendra voir un jour ou deux. Le chevalier est guéri de la fièvre : il n’en a eu que trois accès. L’armée étoit à Deinse[4] le 16e : le Roi y devoit arriver ce jour-là pour la faire marcher près de Gand et manger ce bon pays. Le comte de Soire[5], qui

  1. 9. Le 27 mai, Charles II vendit à Louis XIV, pour six millions, la neutralité de l’Angleterre, dans le cas où la paix ne serait pas faite avant deux mois. Voyez l’Histoire de Louvois par M. Rousset, tome II, p. 504 et 505.
  2. 10. Mme de Louvigny était belle-sœur de Mme de Monaco ; Mlle (peu après ce temps-là Mme) de Grancey appartenait, comme la mourante, à la société la plus intime du Palais-Royal. Voyez tome II, p. 153 et 154, note 15 ; et tome III, p. 10, note 19.
  3. 11. La Pentecôte tombait cette année-là le 29 mai.
  4. 12. Deinse est une petite ville de la Flandre occidentale, située à trois lieues au sud-ouest de Gand. La Gazette du 21 mai nous apprend que le Roi y arriva le 16, et celle du 28 qu’il écrivit de là aux états généraux le 18 du même mois.
  5. 13. Philippe-Emmanuel-Ferdinand de Croy, comte de Soire, seigneur de Condé, qui épousa (en 1672) la Bournonville (Anne-Marie-