Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/519

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1678 pas seulement que nous dissions que le bon air attiroit le respect : Mme de Coligny a trouvé qu’il falloit mettre l’estime, et nous y avons souscrit. Pour moi, j’avois jugé le bon sens et le jugement la même chose ; Mme de Coligny vouloit que le bon sens regardât les pensées et les expressions, et le jugement la conduite : Monsieur d’Autun a été pour elle, et cela m’a fait revenir,

Nous croyons tous que le bon sens, la raison et le bon esprit, c’est[1] la même chose ; nous croyons que génie est général, et talent particulier ; nous croyons que la bizarrerie est continuelle, et le caprice par intervalles ; nous croyons que c’est une bonne qualité que d’être naïf, ou du moins indifférente, et que c’est un défaut d’être ingénu ; nous croyons qu’il faut plus d’esprit pour être poli que pour être honnête ; que l’honnêteté a plus de fonds et plus d’étendue que la civilité, qui n’en a que l’apparence.

Nous voulions croire, Mme de Coligny et moi, que le plaisant et le badin signifioient la même chose ; mais Monsieur d’Autun nous a fait revenir, en nous disant que le plaisant divertissoit quelquefois sur des matières sérieuses, aussi bien que sur des enjouées, et que le badin ne faisoit jamais rire que sur des niaiseries. Il est convenu pourtant que l’un et l’autre caractère pouvoit quelquefois ennuyer, mais que l’agréable plaisoit toujours. Il est vrai que la différence de tout cela est si petite qu’on ne veut pas prendre la peine de la trouver.

Pour la vente de votre charge[2], je dis que si M. de Vardes regarde les élévations des gens qui étoient,

  1. 3. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « sont la même chose. » À la fin du paragraphe suivant, le même manuscrit ajoute après de la trouver : « ou qu’on ne le peut ; » et il donne, à la septième ligne de l’avant-dernier alinéa de la lettre : « et qu’il a encore le gouvernement d’Algues-Mortes, et qu’après avoir servi, etc. »
  2. 4. C’est-à-dire de la charge du marquis de Vardes.