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1679

714. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELLI AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Deux mois après que j’eus écrit cette lettre (no 710, p. 510), je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Paris, ce 27e février 1679.

de madame de sévigné.

Vous avez passé votre hiver à Autun en très-bonne compagnie ; si j’ai oublié dans ma première lettre de faire mention du prélat, je vous supplie que je répare ce défaut dans celle-ci, et qu’il soit persuadé par vous que je l’honore parfaitement, et que le croyant au premier rang de tout ce qu’il y a de bonnes compagnies en ce pays-ci, je le prie de juger ce que j’en puis penser dans la province, et combien je vous trouve heureux d’avoir passé quelques mois avec lui. Nous avons eu ici des glaces et des neiges insupportables ; les rues étoient de grands chemins rompus d’ornières. Nous commençons depuis quelques jours à revoir le pavé, qui nous fait le même plaisir que le rameau d’olive qui fit connoître que la terre étoit découverte. Je crois pourtant que vous ne devez pas vous presser d’aller revoir votre charmant paysage de Chaseu ; il est encore de trop bonne heure : c’est le mois d’avril qui commence à ouvrir le printemps.

La pauvre Madelonne est toujours languissante ; sa mauvaise santé fait le plus grand chagrin de ma vie. Nous sommes occupés présentement à juger des beaux sermons. Le P. Bourdaloue tonne à Saint-Jacques de la Boucherie[1]. Il falloit qu’il prêchât dans un lieu plus acces-

  1. Lettre 714. — 1. Une des plus anciennes paroisses de Paris ; elle a été détruite pendant la Révolution ; il n’en reste que la grosse tour bâtie sous François Ier, et qui se voit actuellement rue de Rivoli, prés de l’Hôtel de ville.