Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/538

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qui fait faire encore à bien des officiers un voyage en Allemagne ?

Mais que dites-vous de notre pauvre Corbinelli ? Sa destinée le force à soutenir un procès par pure générosité pour une de ses parentes[1]. Sa philosophie en est entièrement dérangée ; il est dans une agitation perpétuelle ; il y dépense le peu d’argent qu’il avoit ; il y épuise sa santé et sa poitrine ; enfin c’est un malheur pour lui, dont tous ses amis sont au désespoir.

Que dites-vous, ma chère nièce, de l’entêtement de ce pauvre garçon ? Ne m’aimez-vous pas toujours ? En vérité, je l’espère, et je le souhaite ardemment[2]. Je vous en dis autant, Monsieur le Comte, et je vous assure que je ne perds nulle occasion de parler dignement de vous. Plût à Dieu que ce fût utilement ! Je vous embrasse tous deux.


1679

* 717. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE GUITAUT.

[À Paris], ce 11er juin.

Ma fille commence à ne plus parler que d’aller à Époisse en allant à Grignan ; mais comme sa santé n’est point encore en état d’envisager un si grand voyage, j’espère que M. de Grignan, n’ayant rien à faire en Provence, la cour étant ici, aimant fort tendrement Madame sa femme, ne se pressera point de partir, et lui laissera achever paisiblement des eaux de votre bonne

  1. 6. Mlle Réville, nièce de Corbinelli. Voyez la lettre de Bussy à Mme de Sévigné, du 17 août 1688.
  2. 7 Ardemment ne se trouve pas dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale.